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Garder la positive attitude

Malgré la récession ambiante, tout ne va pas si mal pour l'agrochimie française. Les restructurations douloureuses et les violentes frondes antipesticides semblent passées, les nouveautés arrivent enfin en nombre, les caisses sont bien remplies et le marché mondial est porteur.

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Le calme après la tempête ? C'est sans doute comme cela qu'on peut qualifier aujourd'hui l'ambiance au sein de l'agrochimie française. Le grand beau temps des plus belles années n'est pas de retour pour autant, mais cette campagne montre malgré tout des signes plus encourageants que les années passées à plusieurs niveaux. Bien sûr, la crise est là et les agriculteurs vont sans doute freiner leurs investissements en produits phytosanitaires, s'ils le peuvent. Les pesticides ne sont toujours pas les produits les plus appréciés du grand public et de la société civile. Et les contraintes réglementaires pèsent sur les charges et les axes stratégiques des firmes phytos.

Mais quand même ! La plupart des agrochimistes présentent de très bons résultats, campagne après campagne. Au niveau mondial, le marché est même très porteur et les géants annoncent des bénéfices records. Et si la zone Europe n'est pas celle qui montre les plus forts taux de croissance, les dernières campagnes ont été assez bonnes pour le secteur phytosanitaire. Les chiffres des ventes françaises ne sont pas non plus si mauvais, et les recettes ont été plutôt bonnes ces deux dernières campagnes.

Repli attendu en 2009-2010

Si 2008-2009 n'a pas vu autant de maladies, l'UIPP (Union des industries de protection des plantes) annonce malgré tout une légère hausse des ventes. Avec près de 3 % d'augmentation, le segment des herbicides dépasse aujourd'hui largement celui des fongicides. Ce dernier serait également en hausse d'environ 1 % par rapport à la dernière campagne qui avait pourtant atteint des records. Seules les ventes d'insecticides s'effritent encore un peu plus avec - 8 %. Alors que la pression parasitaire n'a pas été aussi forte que les deux campagnes précédentes, l'UIPP explique ces résultats par de nombreux achats de précaution en début de campagne pour reconstituer les stocks. La campagne 2009-2010 pourrait être plus sombre côté résultats. De nombreux stocks sont annoncés dans les fermes et la loi de modernisation économique empêche toute prospective en incitant aux achats au plus près des besoins. Les producteurs en crise pourraient aussi freiner leurs investissements en intrants.

Cependant, il s'agit là de chiffre d'affaires et l'UIPP s'empresse de souligner qu'en volume, c'est au contraire encore la baisse : sans doute - 5 % par rapport à 2007-2008. Des facteurs externes de hausse des prix des phytos, générant la hausse du chiffre d'affaires, sont alors montrés du doigt : frais d'homologation, tensions mondiales sur les usines, coûts de synthèse des molécules ou encore redevance française pour pollution diffuse.

Il n'empêche que la tendance est relativement structurelle : depuis dix ans, les quantités de produits épandues en France baissent régulièrement, alors qu'en valeur, le marché est plutôt sur une pente ascendante. La baisse des volumes est d'ailleurs un motif de satisfaction en ces temps d'appel à la modération. La hausse des prix, par ailleurs, bénéficie aussi aux firmes : la prépondérance des spécialités et des nouveautés haut de gamme qui affluent plus que jamais, cette campagne, ne fait que tirer la valeur du marché vers le haut.

Parallèlement, les firmes ont digéré les restructurations douloureuses et ont su s'adapter face aux violentes frondes antipesticides dont elles ont été victimes précédemment. Le spectre de la famine est aussi passé par là et les filières agricoles ont su montrer qu'elles avaient grand besoin de tous leurs outils pour produire en quantité et en qualité. Les agrochimistes ont aussi su faire profil bas sur les risques environnementaux et devenir au contraire les porte-parole des bonnes pratiques agricoles.

En conséquence, les firmes phytosanitaires françaises se portent globalement bien. Elles continuent d'engranger de bonnes recettes, alors qu'elles se sont toutes fortement restructurées, allégeant ainsi leurs charges de fonctionnement. Elles ont retrouvé une capacité d'investissement qui leur permet d'innover sans cesse, tant en matière de produits que de services. Ces derniers, destinés à mieux raisonner les applications, sont d'ailleurs souvent le propre des sociétés françaises et les aident à pérenniser et fidéliser leurs ventes.

DOSSIER RÉALISÉ PAR LAURENT CAILLAUD

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